L’expérience de la recharge d’une voiture électrique est certainement le point largement perfectible de l’expérience lié à l’électromobilité. Et même si Tesla a une longueur d’avance sur les autres marques, le réseau de superchargeur n’est pas exempt de reproches. Mais quand les critiques du réseau Ionity viennent du patron de Volkswagen autant dire que le message ne passe pas inaperçue.
C’est sous un post partagé sur Linkedin que se joue la scène. Alors que le porte-parole électromobilité de la marque relate sa propre expérience de 2800 km au volant d’une ID.3 (batterie 58 kWh), avec un retour dans l’ensemble positif, dans les commentaires le débat est plus animé. Dans la publication initiale, Andreas Groß se montre rassurant sur les longs voyages en électrique, mais partage deux points de tension : une recharge dans un hôtel qui ne fonctionnait pas, et une station Ionity qui risque de manquer de bornes de recharge au vu de la demande. Mais autant dire que c’est surtout le commentaire laissé par Herbert Diess sous ce post qui va susciter le plus grand nombre de réactions.
Installation des stations de recharges Ionity & équipements
À son tour, Herbert Diess relate son expérience de voyage en ID.3 et parle de cette station Ionity victime de son succès, qui l’a poussé à recharger plus loin :
Superbe excursion, bon compte-rendu ! J’étais aussi juste au lac de Constance avec l’ID.3 : Rigoletto – puis au Lago. J’ai maintenant un ID.3 PRO S, très bonne autonomie avec un style de conduite sobre et prudent – on peut aller du lac de Constance au lac de Garde sans charge intermédiaire – surtout dans le trafic plus dense des vacances.
Herbert Diess, Chairman of the Board of Management of Volkswagen Group, sur Linkedin
Mais : trop peu de bornes de recharge au Brenner ! Seulement 4 – bien sûr, tout le monde s’arrête au centre commercial. Occupé. Nous avons donc conduit jusqu’à Trento. Même après les critiques de l’année dernière : pas de toilettes, pas de café, une borne de recharge hors service/défectueuse, triste affaire. C’est tout sauf une expérience de charge premium, IONITY !
Forcément la réponse de Ionity ne s’est pas fait attendre :
Bonjour Herbert Diess, merci pour vos commentaires. Le site de Brenner figure sur notre liste de sites à moderniser. Nous avons constaté une forte augmentation de l’utilisation de nombreux sites cet été, notamment en Norvège, en Suède et en France, et nous y répondrons car la plupart des sites sont déjà conçus pour accueillir 6 points de charge. Pour le site de Trente, nous travaillons avec notre partenaire ENI pour améliorer le service à la clientèle. Le chargeur défectueux a été réparé hier. Meilleures salutations à l’Italie
Marcus Groll, Managing director and COO IONITY
Ceci dit sur un axe aussi fréquenté et touristique, la réponse Ionity fait rire jaune, car passer de 4 à 6 places de charge, ne va en rien régler le problème pour les années à venir. C’est un pansement sur une plaie ouverte. Et encore moins face aux inégalités de temps de charge des différents véhicules électriques qui peuvent venir se brancher sur ce type de stations (on fera abstraction des inégalités de tarif pour cet article).
Quant à la question des services sur les aires de recharge rapide, cela va probablement être le grand à débat à venir, surtout avec les politiques qui poussent l’ensemble des automobilistes à s’orienter vers l’électrique d’ici quelques années. Si, pour de plus en plus de modèles, le temps de recharge n’est pas forcément trop long, l’accès à des commodités (WC) ou à des services de restauration reste souvent nécessaire, or toutes les stations de recharge ne sont pas équipées de manière égale.
Les superchargeurs Tesla posent aussi parfois problème
Et là-dessus, même si Tesla est largement en avance sur Ionity pour ce qui est du réseau de supercharge et des sites qui les accueillent, quelques couacs demeurent. Plusieurs hôtels qui ont installés des superchargeurs finissent par limiter l’accès aux toilettes, ou demandent à consommer pour y avoir accès (avec des restaurants/bars pas toujours ouverts). Cette problématique est notamment apparue avec le Covid et les fermetures des établissements concernés, mais avec le nombre de véhicules désormais en circulation (et en transhumance), cela va vite poser des problèmes grandissants.
On peut très bien comprendre qu’en choisissant d’accueillir sur leur parking des superchargeurs de Tesla, les hôteliers se sont imaginés que cette clientèle de passage consommerait, et qu’ils n’ont pas anticipé que le nettoyage des WC allait demander plus de mains d’œuvre avec cette fréquentation supérieure (oui il y a des porcs dans les clients de toutes les marques automobiles).
Le calcul initial était vrai, enfin il y a quelques années en arrière, à l’époque où seules les modèles S (puis X) roulaient. Forcément, les charges étaient plus longues, les points de charge moins nombreux, les pauses de recharge étaient l’occasion de prendre un café (ou un repas) à l’hôtel avant de se remettre en route.
Sauf que depuis la clientèle s’est diversifiée et a nettement augmenté avec la Model 3, les arrêts sont aussi plus courts, on n’a plus forcément ce besoin de « tuer le temps » en attendant de pouvoir se remettre en route. En conséquence, « devoir » consommer pour pouvoir satisfaire un besoin naturel pendant un long trajet, peut rester au travers de la gorge surtout que l’on a pas toujours le choix du lieu de son arrêt, et vu le prix des consommations de certains établissements et les lenteurs de services, la pause peut vite devenir désagréable.
Quant aux hôtels qui interdissent l’accès aux toilettes, alors là, même avec la meilleure volonté du monde, ils sont à côté de la plaque. Un effet pervers est d’ailleurs apparu, car plutôt que d’avoir à nettoyer les wc plus fréquemment, c’est l’arrière des zones de recharge ou le moindre recoin du parking qui s’est transformé en toilettes à ciel ouvert ! Cela ne posera pas grand cas de conscience aux hommes, mais pour les femmes ou les enfants, c’est quand même une autre paire de manche. Et puis du point de vue de l’éthique, c’est quand même franchement discutable, les toilettes sur les aires d’autoroute suisses ou allemandes sont souvent payants (0.5€ ou 1€), cela ne pose pas de problème de contribuer à la propreté du lieu, si c’est là le point de tension.
Il y a clairement une harmonisation à apporter afin de fluidifier l’usage des aires de recharge rapide, mais aussi d’éviter les incompréhensions des conducteurs (et des passagers) de véhicules électriques qui doivent eux s’adapter à ces règles d’usage inconstantes (imaginez la difficulté en plus pour les étrangers).
Bref, il y a encore des améliorations à prévoir, et là-dessus, Total (et autres stations essence) pourrait bien tirer leur épingle du jeu et damer le pion à d’autres solutions de charges rapides qui n’offriraient pas la bonne expérience de pause recharge (premium ou non-premium).
Ne roulant pas en électrique, je n’ai pas vraiment fait attention mais concernant les recharges sur long trajet, est ce qu’elles sont sur les aire d’autoroute ou à l’extérieur des autoroute? Je pense notamment aux supercharger Tesla qui sont régulièrement à coté des hôtels donc hors autoroute, ce qui peut obliger de sortir de l’autoroute et donc payer pour sortir. Par exemple, si je fais un Lille – Marseille sans sortir de l’autoroute, ou si je le fais en devant sortir 2 fois pour recharger, est ce que j’en ai pour le même prix de péage?