Pour conquérir le marché allemand (et d’autres par la suite), l’Ami de Citroën va être rebadgée sous le Blitz d’Opel et portera le nom Opel Rocks-e. La synergie de groupe semble poussée jusqu’à l’extrême, allant même jusqu’à partager les canards boiteux entre marques.
Je sais, je vais encore me faire des AMIs dans le groupe Stellantis, mais soyons honnête si la stratégie de lancer des déclinaisons sous certaines marques pour entrer dans un marché est plutôt bonne, le faire avec un produit qui n’est toujours pas à minima fiabilisé semble plus risqué. Et encore moins cohérent alors qu’Opel commence à sortir la tête de l’eau côté image de marque.
On aurait annoncé une Citroën AMI sous le badge Fiat pour le marché italien, cela passerait, Fiat n’a jamais été réputé pour sa fiabilité légendaire et n’a jamais visé une montée en gamme (enfin sauf avec sa nouvelle Fiat 500e), donc en terme d’image ou de notoriété, intégrer ce véhicule au catalogue italien, ça aurait du sens. Sauf qu’on imagine que c’est plus spécifiquement le marché allemand (€€€), et sûrement quelques pays voisins de l’Allemagne, qui intéressent le groupe.
Bref, Citroën AMI est un super concept, d’ailleurs presque victime de son succès en France, mais ce que les chiffres des ventes ne révèlent jamais, c’est tout ce qui se passe après pour les propriétaires de cet engin, et toutes les galères de l’après-vente de ce modèle si particulier.
L’AMI du bricolage …
Comme tout véhicule nouvellement lancé, les premiers clients sont de véritables des bêta-testeurs de l’AMI, jusque-là rien de bien nouveau sous le soleil du milieu de l’industriel automobile. Sauf qu’ils sont aussi les testeurs des limites de la réduction des coûts de fabrication d’un engin roulant, et là c’est un peu plus gênant même pour un véhicule à 7000 € (pas si abordable qu’on veut nous le faire croire).
Alors que Citroën tente de minimiser sa campagne de rappel sur les premières AMI livrées, les problèmes de fiabilité n’ont pas pour autant disparu pour les possesseurs de l’AMI. Il suffit d’aller sur les groupes FB (et forums) liés à ce modèle pour voir plusieurs fois par jour de nouvelles pannes et de nouveaux problèmes apparaître. Certains peuvent sembler risibles, d’autres le sont beaucoup moins quand on sait que ces véhicules circulent sur routes ouvertes avec derrière le volant des conducteurs dont c’est la première expérience de conduite.
Heureusement, l’entraide est de mise sur cette communauté (bravo à vous si vous me lisez), ils se donnent des trucs et astuces pour diagnostiquer, réparer et améliorer leur AMI, car ils ne peuvent en aucun cas compter sur le réseau Citroën qui ne semble pas vraiment considérer les « AMIstes » comme de vrais clients et surtout n’ont aucune solution pour réparer ces AMI.
Vous voulez quelques exemples des problèmes rencontrés sur les AMI, voici les principales qui me viennent spontanément en tête :
- Soucis d’étanchéité généralisé
- Problème de carrossage négatif (en cause des châssis mal soudés en usine)
- Problème de serrure, qui a même entraîné des ouvertures de la portière conducteur intempestives en roulant
- Batterie 12 V défectueuse
- Câble de charge intégré à la voiture qui prend l’eau et crée un faux contact pour la recharge (car mal fixé côté voiture)
- Problème de capteur de frein à main qui bloque la charge (ou affiche des voyants d’alerte en discontinu)
- Pertes de fixations diverses et variées (de clips pour pièces de carrosserie, aux vis de maintien des vitres)
- Problème avec le système de freinage régénératif
- etc.
Normalement, les modèles livrés maintenant ont corrigé certains de ces problèmes, d’ailleurs toutes les AMI n’ont pas rencontrés ces problèmes. Cependant, il faudra attendre quelques mois pour voir si c’est réellement le cas, et si, d’autres n’émergent pas en cours de route, car c’est la conception au rabais et un contrôle qualité clairement trop léger qui ont mis sur la route des véhicules qui au final se retrouvent parfois vite immobilisés.
Des livraisons aux attentes allongées (comme pour beaucoup de véhicules neufs ceci dit), des délais d’immobilisation en cas de pannes ou d’accident tout aussi longs, des véhicules rapidement irréparables, un service client parfaitement inadapté, de rares solutions de véhicules de remplacement. Bref, l’image de Citroën et sa manière de traiter une frange de ses clients en a pris un sacré coup !
Alors quid de la version badgée Opel ?
En dehors de son coloris extérieur, de son badge et de ses kits intérieurs, la Rocks-e d’Opel est identique à la Citroën. Donc il n’y a peu de raison que nos voisins allemands ne soient pas confrontés à tous les petits maux et bobos que cet engin peut avoir (vu ses choix de conception).
Alors qu’Opel est en pleine reconstruction de son image depuis son rachat par PSA (devenu Stellantis avec la fusion FCA) et que la marque a posé quelques jalons pour monter doucement en gamme, comme on peut l’observer avec l’Opel Mokka (que je trouve très réussi esthétiquement). Est-ce vraiment le bon moment de leur refourguer cette patate chaude entre les mains ? Sachant que les contrats avec les concessionnaires sont en pleine phase de renégociation et que le climat est assez tendu.
Car si on peut imaginer que la cible, les adolescents de 15 ans et plus en Allemagne, ne vont pas vraiment ergoter sur la qualité, qu’en est-il des parents qui eux sont bercés depuis toujours à la Deutsche Qualität ? Réponse dans quelques mois !
Après, je dois bien avouer que cette version Opel fait plus aboutie visuellement que Citroën AMI, les jantes, la répartition des couleurs et des stickers, ce sont des petits détails, mais qui changent positivement la perception de cet engin.